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OLIVIER LOUVEL
- Portrait Jazz Mag No 642 (Octobre 2012 ).
- Olivier Louvel « Guitar colors »
- « La musique est d’abord un plaisir : ce n’est pas par hasard si l’on dit que l’on en joue… »
- Moins médiatisé que certains de ses confrères, Olivier Louvel est pourtant l’un des guitaristes les plus actifs et les plus prisés de la scène française. Et son horizon s’étend bien au-delà du jazz, comme en témoignent son parcours et son nouvel album.
- Olivier Louvel est un passionné de musique. Et de tout ce qui s’y rapporte. Sa douillette maison de Seine et Marne regorge d’ouvrages spécialisés mais aussi d’instruments, d’amplis et de pédales d’effets qu’il collectionne en expert. « J’adore les guitares vintage. J’en achète et j’en revends régulièrement, selon mes envies… et mes moyens ! » explique-t-il en exhibant ses plus beaux modèles, un sourire gourmand aux lèvres.Au-delà des objets, Olivier Louvel collectionne surtout les collaborations. Dans tous les genres, ou presque. Ainsi, en une vingtaine d’années, on l’a entendu aux côtés d’artistes aussi divers que David Linx, Eric Lelann, André Manoukian, Geoffrey Oryema, Stephano Di Battista, Didier Lockwood, Guy Marchand, Ibrahim Mallouf, Billy Cobham, Georges Moustaki, Laurent Cugny, Touré-Touré, Stéphane Huchard ou encore Eric Seva pour n’en citer qu’une infime partie. Et on le retrouve sur une bonne soixantaine d’albums. De fait, à près de 48 ans, le guitariste normand peut se targuer d’avoir un parcours riche en rencontres et en expériences.
- De Pink Floyd à ECM
- « J’ai baigné très tôt dans la musique, grâce à mon père, qui était prof de physique mélomane, féru de jazz et de Léo ferret. A Caen, où j’ai grandi, il avait fondé une association, Caen Jazz Action, qui organisait des concerts, ce qui m’a permis d’écouter de nombreux musiciens. J’ai commencé à apprendre la guitare à dix ans ; c’est Dominique Voquer, une figure locale, qui m’a donné envie de jouer ». Ouvert à tous les styles, il écoute aussi bien du free que du blues, du rock, de la pop de la musique brésilienne, et de la fusion. « J’adorais Santana, David Gilmour et Larry Carlton, dont j’adorais le toucher ; des influences dont je garde des traces dans mon jeu. On me dit même parfois que j’ai gardé un côté Gilmour dans mes choris ! Et j’ai Mais j’ai aussi très vite été subjugué par les climats éthérés et nostalgiques des productions ECM. »Dès l’adolescence, il joue en en groupe. « J’ai fondé mon premier groupe, Liqueur de feeling, à onze ans. Puis un deuxième, Sunset Blues Band, avec un ami fondu de blues. Un peu trop fondu, même… J’ai réalisé que l’intégrisme en musique ne m’intéressait pas, et je suis passé à autre chose. »
- French guitarists
- En 1984, alors qu’il fait la manche à la guitare à Biarritz pendant ses vacances, Louvel croise Jean-Marie Ecay. « Il a débarqué dans un bar où des musiciens jouaient. Je me demain dis qui était ce type habillé tout en cuir avec une coupe iroquois rouge. Mais dès qu’il a joué Spain, j’ai compris ! J’étais halluciné ! Très sympa, il m’a montré des trucs et donné des conseils. » Cette rencontre est décisive. Car quand il arrive à Paris, quelques années plus tard, après ses études de physique et d‘acoustique, Louvel reprend contact avec Ecay qui l’introduit dans le milieu. « A cette époque, après avoir enseigné les maths et la physique pendant un an, je travaillais en tant qu’ingénieur du son à la télé, pour le journal de six minutes sur M6, ce qui me laissait beaucoup de temps pour la musique. J’ai ainsi fait la connaissance de Louis Winsberg, qui m’a beaucoup encouragé et qui est devenu un ami. J’ai rencontré Sylvain Luc tout à fait par hasard, dans un magasin Sylvain Luc ; c’est lui qui m’a abordé alors que je jouais un morceau d’Allan Holdsworth. Il m’a dit : « C’est super, mais je crois qu’il le joue autrement. Il a pris la guitare et j’ai pris une claque ! Ensuite, il est venu chez moi prendre un verre et m’a joué Petit Papa Noël à sa façon… »
- Sur les routes
- Au début des années 90, avec son groupe Inlandsis, il gagne le prix du Concours des jeunes créateurs, ce qui lui permet d’enregistrer un premier album avec Sylvain Beuf et de se faire remarquer. Un jour, Ecay lui propose un remplacement avec Safy Boutella, un compositeur algérien. « Je ne le connaissais pas du tout. J’ai vu débarquer chez moi ce grand type très impressionnant, qui dégageait un fort magnétisme. Tout de suite, il m’a fait écouter son album sans un mot puis il m’a demandé si j’étais capable de tout rejouer dans quatre jours ! C’était un boulot dingue, mais j’ai accepté pur ne pas laisser passer cette occasion unique ! J’ai travaillé non stop pour apprendre des morceaux complexes, avec des mesures en 19/16 par exemple. Et je me suis retrouvé sur scène avec Nana Vasconcelos à New-York, Montréal… Le rêve ! » C’est dans ce projet qu’il rencontre Karim Ziad et Youcef Boukela, qui l’initient aux rythmes du Maghreb et qui l’entraînent dans ce qui deviendra l’Orchestre National de Barbès. « Un groupe extraordinaire, où j’ai appris beaucoup en voyageant énormément ; en six ans, nous avons fait plus de 500 concerts, partout dans le monde ! C’est l’ONB qui m’a ouvert aux musiques du monde. » Olivier Louvel se met ainsi à parcourir la planète. Au total, j’ai joué dans une centaine pays, notamment avec Antoine Illouz, en Afrique, en Asie, en Amérique du sud. Ce qui m’a permis de découvrir d’autres musiques, d’autres instruments… » C’est cette ouverture qui lui permet d’ailleurs de s’épanouir dans le milieu de la world music, et on le retrouve aux côtés d’artistes comme Alma Rosa, par exemple.
- Couleurs personnelles
- Si Olivier Louvel enchaîne les formations en tant que sideman, il garde du temps pour ses projets personnels. « J’ai toujours composé, dès mes premiers groupes. Même si j’improvise beaucoup, je ne me considère pas comme un jazzman, je n’ai jamais vraiment travaillé les standards ; je suis naturellement attiré par les projets à répertoire original. J’ai toujours eu du mal du mal à me situer, entre jazz, rock, pop ; j’ai une culture fusion. »En 2003, il enregistre un premier disque sous son nom « En attendant Julia ». L’occasion de développer ses multiples facettes en combinant jazz, folk, rock et pop dans un cocktail très personnel, avec des harmonies subtiles, des mélodies délicates et des sonorités travaillées. Une démarche qu’il prolonge en 2005 avec « Snoo » et en 2012 avec « Animal Pop », un album chanté, résolument multicolore, marqué par la présence de Bendik Hofseth, le compositeur-saxophoniste-chanteur norvégien. « Je connaissais sa production personnelle depuis longtemps, et quand on m’a donné l’occasion de monter un projet spécial pour un festival, j’ai pris contact avec lui. J’ai fou de joie quand il a accepté ! Et plus fier encore quand il m’a demandé d’enregistrer avec lui ! J’adore son univers. C’est un musicien complet, et un producteur incroyable, qui a réussi la synthèse de tout ce que j’aime. C’est un bonheur et un honneur de jouer avec lui… » Pas de doute : avec une passion intacte et les oreilles toujours grand ouvertes, Olivier Louvel a encore beaucoup à dire…Felix Marciano (Jazz Mag ) « Avec l’aimable autorisation de Jazz magazine »